Lorsque la saison exigeante et intense du triathlon touche à sa fin, l'athlète atteint un état physique et mental saturé. Si vous lui posez la question, il peut vous répondre qu'il ne veut pas entendre parler de segments ou de transitions. Il est évident que le triathlète, comme tout autre athlète, a besoin de se reposer et de laisser la compétition, et même l'entraînement, de côté pendant au moins quelques semaines.
Toutefois, à ce stade, la question qui se pose est la suivante : qu'est-ce qui est le plus recommandable d'arrêter ou de rester actif pour commencer l'avant-saison ? Pour tenter de clarifier la question, rien de mieux que de faire appel à un expert des épreuves de triathlon. Notre homme est Alberto Cebollada Kremer, notre coureur senior particulier et triathlète expérimenté qui nous donne les clés pour savoir comment déconnecter et activer afin de préparer la prochaine saison.
Ce professeur du cours de formation professionnelle de " techniciens du sport" du gouvernement de Navarre souligne que chaque triathlète "doit faire une remise à zéro afin de pouvoir régénérer son corps et son esprit, et ainsi commencer la saison suivante avec plus de force et plus d'envie".
La saison étant terminée et aucune compétition en vue sur le calendrier, dois-je freiner à sec ou ai-je encore un programme d'entraînement ?
En termes généraux, les études scientifiques sur la planification d'une saison de compétition suggèrent que l'athlète ne s'arrête pas complètement, et qu'à la fin de la saison de compétition, il continue à faire d'autres activités pendant quelques semaines d'une manière différente, d'autres sports dans le but de se déconnecter, des activités sans exigences physiques ou mentales. Le corps a besoin de se régénérer, le corps doit récupérer et l'esprit doit également se "réinitialiser", s'éloigner un moment du stress et de la tension psychophysique de la saison de compétition. C'est pourquoi il est recommandé de pratiquer le sport de manière récréative, de préférence en contact avec l'environnement naturel, en famille, avec des amis et/ou un partenaire, dans le but de s'amuser, de se déconnecter. Bref, faire d'autres activités qui permettent à la régénération de commencer la prochaine saison avec plus de force et plus de désir.
Le fait de ne pas s'arrêter complètement et de continuer à faire de l'exercice, de pratiquer d'autres sports tels que le VTT, le patinage, le ski de fond, la marche nordique ou simplement la marche en montagne permet de maintenir un degré optimal d'activation cardiovasculaire et musculaire avec lequel la perte de forme physique ou "l'inadaptation" des améliorations obtenues au cours des mois d'entraînement et de compétition ne sera pas si importante, comme si au contraire un arrêt total était effectué pendant plusieurs semaines.
Le temps de "repos nécessaire" ou de régénération psycho-physique dépend du niveau d'exigence de la saison, du niveau sportif du triathlète et aussi de ses besoins
Quelles sont les activités à développer en dehors de l'entraînement au triathlon ?
Pratiquer d'autres sports et d'autres activités de nature aérobique et surtout ceux qui ont un bon transfert, comme dans le cas des triathlètes qui ne font que du vélo de route prennent le VTT, avec lequel en plus de s'amuser on gagne en habileté et en technique. Le patinage et, en hiver, le ski de fond, ou simplement la marche en montagne, de préférence avec des bâtons, une activité appelée "marche nordique" qui a un magnifique transfert dans le triathlon sous plusieurs aspects. D'une part, la marche est un exercice très sain et bénéfique au niveau cardiovasculaire, mais surtout pour le dos si vous utilisez des bâtons. L'implication des bras dans l'impulsion et la posture renforce la musculature extenseur dorsale et brachiale, ce qui a un effet positif sur les soins du dos et sur un transfert optimal de la force de la musculature extenseur de l'épaule et du coude vers la traction et la poussée du crawl. La pratique d'autres sports, ceux qui sont du goût ou de la préférence du triathlète comme le surf, le volley-ball ou tout autre sport qui implique du mouvement et du plaisir, permettra de maintenir un degré optimal d'activation cardiovasculaire et musculaire avec lequel la perte de forme physique ou l'inadaptation ne sera pas si importante.
Quel est le moment optimal pour se reposer jusqu'au début de la présaison ?
À mon avis, le temps de "repos nécessaire" ou de régénération psycho-physique dépend du niveau d'exigence de la saison, du niveau sportif du triathlète et aussi de ses besoins. Il y a des professionnels qui s'arrêtent complètement pendant quelques semaines, qui vont aux Caraïbes pour obtenir une déconnexion totale, d'autres qui le font pendant 1 mois mais maintiennent une certaine activité sport-récréation, et d'autres encore qui pendant 6 semaines se consacrent simplement à la pratique d'autres activités différentes. Dans ce domaine, l'expérience de ce qui se passe le mieux dans chaque cas, en fonction des caractéristiques et des situations particulières, ainsi que les connaissances personnelles sont déterminantes pour savoir quel type de repos post-concurrentiel est le plus adapté à chacun d'entre nous. Afin d'optimiser l'entraînement, ainsi que pour pouvoir comparer les méthodes et les types de repos effectués au cours des différentes saisons, il est crucial de noter dans le carnet d'entraînement le plus d'informations possibles sur l'entraînement et les activités réalisées.
La "PRÉHABILITATION" consiste en une préparation physique nécessaire visant à corriger les déséquilibres, à stabiliser les articulations clés et à renforcer les faiblesses par un travail de force.
Lors de la programmation de la pré-saison, quels sont les facteurs importants que je ne peux pas négliger pour essayer de bien préparer la saison ?
Un élément crucial et qui a trait à la santé du triathlète est la préparation physique avant la saison d'entraînement la plus exigeante, qui lui permettra d'affronter avec garantie les séances dures, longues et intenses tout au long de la saison, en éliminant la probabilité de blessure et en assurant le fonctionnement optimal de l'appareil locomoteur et des autres organes et systèmes. Ce concept est connu sous le nom de PREHABILITATION. Préparation physique nécessaire visant à corriger les déséquilibres, à stabiliser les articulations clés et à renforcer les faiblesses par un travail de force principalement.
Un autre aspect important est de se concentrer sur l'amélioration de la technique des trois disciplines : il est temps de faire un test d'effort et une analyse sanguine pour évaluer les éventuelles carences ou manques, de se rendre chez le podologue, de faire un essayage de vélo, etc.
Cette période de l'année, et sans les urgences de la compétition, est un bon moment pour essayer du nouveau matériel, et essayer de l'adapter à mes routines d'entraînement
Avec l'arrivée de Noël, c'est un bon moment pour s'offrir ou demander ce petit cadeau de Noël, ce nouveau matériel qui nous permettra une motivation supplémentaire dans les séances d'entraînement et d'affronter la saison avec plus de désir d'améliorer les performances et de surpasser les résultats de la saison précédente. C'est un bon moment pour rouler et tester en profondeur les innovations matérielles, pour essayer les changements apportés à l'ajustement du vélo, pour appliquer les conseils du biomécanicien, pour essayer ces nouvelles chaussures, pour corriger cette défaillance en natation, pour améliorer l'élasticité musculaire, pour étendre le ROM (amplitude de motion) des articulations, etc...
Photos : Koldo Larrea (Skoda TriathlonSeries Getxo 2015)
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