La tentation de nombreux coureurs, lorsque leur bourse le permet, est de choisir la chaussure la plus rapide disponible, en l'associant à des facteurs souvent trop simples, comme la légèreté. La réalité est un peu plus compliquée et dans cet article, en plus de comparer 2 modèles pour la course de fond, Joma R1000 vs R3000, nous essayerons d'expliquer pourquoi la chaussure techniquement plus lente, dans certaines circonstances, peut être l'option la plus rapide. Tout dépend de la vitesse du coureur et de la distance à parcourir.
Pour une meilleure compréhension de la comparaison, nous allons diviser l'analyse en 3 phases :
- Amorti/atterrissage : dès qu'une partie de la chaussure touche le sol, jusqu'à l'appui complet.
- Réactivité/plein pied : le temps pendant lequel la semelle, du talon aux orteils, est en contact avec le sol.
- Propulsion/décollage : à partir du moment où le talon commence à décoller, jusqu'à ce que le pied perde le contact avec le sol au niveau des orteils.
Amorti
Je voudrais commencer par souligner que la conception des deux chaussures de running de Joma en matière de stabilité et de contact s'est beaucoup améliorée par rapport à la Joma R1000 originale, qui était instable sur les sols irréguliers et les courbes. Si nous nous concentrons strictement sur l'amorti, l'une des différences détectables manuellement entre les deux modèles de chaussures est la densité de l'amorti de la semelle. Les R1000 et R3000 sont plus denses que les autres et c'est un facteur qu'il ne faut pas négliger.
Joma R3000, test du duromètre
La chaussure plus dure, ayant une capacité de compression moindre, transfère une plus grande magnitude d'impact au bas du corps de l'athlète que la chaussure plus souple. Dans les tests, on observe une réduction de 10 à 15 ms du temps de contact en faveur de la Joma R3000.
Joma R1000, test du duromètre
La réduction du temps de contact implique une augmentation de la vitesse, dans ce cas nous pouvons établir cette amélioration à un peu moins de 1 km/h de plus en vitesse soutenue, ce qui est une amélioration très importante. Toutefois, il est essentiel de comprendre que des modifications inférieures au temps de contact entraînent des augmentations supérieures aux forces d'impact. Par conséquent, ce gain de vitesse aura des effets directs sur la capacité de résistance à l'impact du coureur.
Dans mon cas particulier, la Joma R1000 réduit les forces d'impact mesurées en Gs d'accélération de près de 10 %. Mes jambes apprécient cette réduction à long terme lorsque la vitesse est sous-maximale et de longue durée.
En d'autres termes, la Joma R3000 tend à réduire le temps de résistance à l'amorti des coureurs qui ne sont pas suffisamment adaptés à cette vitesse et à ce temps de contact. L'un des défis de la future construction de semelles en carbone sera d'adapter la réactivité de la plaque à la capacité d'amorti de la plaque, en fonction de la vitesse (temps de contact) du coureur.
- Application pratique : les Joma R3000 me permettraient un bon 5 % dans mon cas. Mais au-delà de 20k, à cause de ma vitesse et de ma condition physique limitée, elles laissent mes jambes prématurément vides.
Réactivité
Cette capacité est directement liée à la plaque de carbone. Avant l'ajout du carbone, les chaussures étaient à peine réactives. Elle mesure le degré de flexion/extension de la plaque lorsque l'on marche dessus et la force qu'elle renvoie lors de la propulsion. Elle agit comme un ressort qui peut être plus ou moins dur en fonction de l'épaisseur, de la longueur et de l'angulation de la plaque. C'est la principale amélioration que le carbone a apportée aux chaussures de running et sur laquelle nous étudions la manière de la rendre plus efficace en modifiant les longueurs et les configurations des plaques pour optimiser ce mécanisme de ressort.
Joma R3000 vs Joma R1000, tests sur dynamomètre
Comme on peut le voir, le dynamomètre ne trouve pratiquement aucune différence entre les deux forces de réaction à l'extension des deux plaques. On pourrait dire qu'elles se comparent de manière similaire ou qu'elles sont fonctionnellement comparables.
- Application pratique : lorsqu'on compare différentes plaques entre marques et modèles, il est utile de connaître le niveau de réactivité de la plaque (on peut l'évaluer manuellement en étirant la chaussure tout en la posant sur la semelle et en vérifiant laquelle utilise plus et laquelle utilise moins de force pour revenir à sa position naturelle). Les plaques pleines restituent plus d'énergie que les demi-plaques, mais impliquent la nécessité d'une technique de course affinée qui optimise l'utilisation de celles-ci et d'une condition physique de force excentrique plus importante.
Propulsion
Grâce au rocker design (la courbe ascendante proéminente de la semelle à l'avant-pied), le toe-off des deux chaussures se situe au niveau des meilleurs niveaux de propulsion actuellement disponibles sur le marché. Il n'y a pas de différences significatives entre les deux modèles, ni dans les mesures, ni dans le toe-off time (temps entre le plein contact et la perte de contact avec le sol). La fonction de ces bascules est de faciliter le transfert de la force des métatarses vers les phalanges, puisqu'il n'est plus nécessaire que le pied et la chaussure se plient autant qu'auparavant.
Cette conception facilite le travail des muscles extenseurs distaux, comme le soléaire, le mollet et le fascia plantaire, ainsi que tous les muscles qui étendent les orteils. N'oublions pas que ces structures sont souvent surchargées et blessées. La bascule peut donc être un système de conception qui contribue à la prévention et à la guérison de ce type de blessure.
- Application pratique : si vous n'avez jamais utilisé de rockers, je vous recommande d'essayer des modèles comme la Joma R2000, sans plaque de carbone, afin d'expérimenter cette nouvelle fonctionnalité qui s'est imposée. Elle vous aidera peut-être à mieux supporter certaines surcharges des extenseurs du pied.
Résumé
La Joma R3000 est une chaussure destinée aux coureurs proches ou inférieurs à 4 min/km, sans surpoids, avec une technique de course médio/avant-pied. Sur cette base, en fonction de la capacité fonctionnelle du sujet, il convient d'évaluer la distance maximale sur laquelle elle peut être utilisée.
La Joma R1000 est une chaussure pour les coureurs proches ou supérieurs à 5 min/km, avec une technique de course médio/avant-pied et qui, en principe, toléreraient mieux un léger surpoids. Elle s'adaptera d'autant mieux au sujet que la distance à parcourir sera importante.
Options d'amélioration : les plaques de carbone ont complètement changé la façon dont le pied se déforme sur la chaussure au moment du contact. Ainsi, l'utilisation de lacets plus souples que les lacets standard est une option d'amélioration intéressante pour trouver la bonne pression de serrage pendant la course.
Lire plus d'actualités sur : Running news